Bastien Le Guellec
Interne de radiologie à Lille
La démographie des radiologues est un enjeu majeur des prochaines années. La croissance du champ d’expertise des radiologues hospitaliers et libéraux, diagnostiques et interventionnels, se confronte à un allongement des délais d’obtention de rendez-vous dans de nombreux territoires, avec un risque d’altération de la qualité des soins.
Interne en radiologie en 6ème semestre, actuellement en stage libre de santé publique dans le service du Pr. Philippe Amouyel à Lille, nous avons commandé avec le Pr. Jean-Pierre Pruvo et le Pr. Jean Paul Beregi, président du CERF, une étude sur l’évolution de la démographie médicale spécifiquement axée sur les radiologues. Cette mission a été confiée à Joy Raynaud, géographe de santé spécialisée dans ce domaine. L’objectif de cette analyse était de fournir des informations pertinentes sur la répartition géographique des radiologues, leur densité dans différentes régions, et de comparer ces données à celles des autres spécialités médicales. Une attention particulière a été portée sur la démographie radiologique dans les Hauts-de-France.
La DREES recense 9000 radiologues au 1er janvier 2022. Après la psychiatrie et l’anesthésie, la radiologie est la troisième spécialité la plus représentée parmi les 130.000 médecins spécialistes. La densité moyenne des radiologues en France est de 13 médecins pour 100.000 habitants, un chiffre stable depuis 2012 alors que le volume d’examens (notamment IRM) est en augmentation constante comme le souligne le rapport de la cours des Comptes d’Octobre 2022.
Les 9000 radiologues sont inégalement répartis sur le territoire français : alors que leur densité est de 17 pour 100.000 habitants en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, elle n’est que de 9 pour 100.000 en région Pays de la Loire et 11 pour 100.000 en Normandie. Elle est de 12.5 pour 100.000 habitants pour les Hauts-de-France. Les DOM-TOM sont particulièrement touchés par la désertification puisque la densité de radiologues est inférieure à la moyenne du reste du territoire dans toute la France ultramarine.
L’âge moyen des radiologues est de 51.3 ans, supérieur à celui des anesthésistes (48.7) et des autres spécialistes en général (50.3). La part des praticiens de 60 ans et plus est d’un tiers pour les radiologues alors qu’elle n’est que d’un quart pour les médecins anesthésistes. Cette moyenne d’âge est associée à un nombre d’arrivées de radiologues diplômés stable depuis 2017 (252) et même en baisse depuis 2015 (271). Ce problème démographique va pénaliser les patients qui ne pourront pas accéder à une expertise radiologique de qualité dans des délais raisonnables sur l’ensemble du territoire.
Avec le développement de techniques d’imagerie de plus en plus performantes et l’accroissement exceptionnel des indications de radiologie interventionnelle, nous alertons sur la poursuite de la désertification de certaines zones du territoire. Cette dynamique négative ne pourra être prévenue que par la formation d’un grand nombre de professionnels et un meilleur accès à la formation avancée en radiologie interventionnelle. Il est aussi essentiel de miser sur une meilleure coopération interdisciplinaire, notamment grâce à une meilleure diffusion des référentiels de bonne pratique en prescription des examens d’imagerie, dont les radiologues sont les meilleurs ambassadeurs (https://aderim.radiologie.fr/home)
Les résultats de cette étude sont à consulter ICI
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